Initiation au patronnage - partie 2 : la jupe droite
Voici venu le temps de la partie 2 de notre initiation… la jupe droite…
Si vous avez loupé la partie 1, il n’est pas trop tard...
Dans cette partie-ci, on va vraiment entrer dans le vif du sujet…
Mais auparavant, il me semble important de faire un “petit” point sur le matériel nécessaire.
On s'apprête à dessiner les plans de notre jupe… il n’est donc pas illogique que le matériel s'apparente à celui d’un architecte…
Voici ce qu’il vous faut :
-
du papier de coupe :
Vendu en mercerie, c’est un papier de grande taille prévu pour les patronnages. -
un porte-mine :
Des mines de 0.5 sont bien… Plus fines, elles ont tendance à casser rapidement, plus épaisses, c’est un peu trop épais… :-)
Vous pouvez le troquer contre un crayon, mais il est vital que celui-ci soit bien taillé.
Une pointe émoussée peut vite faire un trait de 2mm de large.
Imaginez un patron de veste avec quatre découpes verticales au devant et autant au dos…(je sais, ce n’est pas facile…) avec les deux coutures de côtés, on est à 10 découpes, pour chaque découpe vous avez tracé 2 traits puisque vous assemblez 2 pièces. Avec un crayon mal taillé, vous avez donc, si je calcule bien, une imprécision potentielle de 20mm autrement dit, une demi taille (dans la plupart des tableaux de mesures, l’écart entre 2 tailles est de 4cm). La précision est donc fort fort importante. -
des règles:
Le strict minimum est
- une règle graduée de grande dimension (la mienne fait 100cm)
- une équerre assez grande (c’est mieux si elle aussi est graduée)
- un mètre ruban (je sais, ce n’est pas une règle...)
- … et c’est tout…
Et personnellement je n’utilise pas une équerre, mais deux.
L’usage combiné de deux équerres fera peut-être partie d’un prochain article de blog… -
un stick de colle :
Vous avez mal estimé la taille d’une pièce… pas de soucis, ajoutez un morceau de papier en le collant… c’est mieux que de tout devoir recommencer…
Attention - Le ruban adhésif est à proscrire.
En manipulant un patron, il n’est pas rare de le froisser. Travailler sur un patron chiffonné est difficile, mais un coup de fer à repasser et c’est reparti… Le ruban adhésif, lui, supporte mal la chaleur et l’option fer à repasser vous sera dès lors interdite! -
…
Cette liste n’est pas exhaustive mais l’essentiel y est
Je la complèterai sans doute au fur et à mesure.
N’hésitez pas à intervenir avec un p’tit commentaire pour me corriger ou me compléter…
Petite digression “matériel” terminée…
On peut y aller pour notre patron de jupe…
Réfléchissons ensemble un instant…
La forme géométrique qui se rapproche le plus de la jupe droite est le cylindre.
Et c’est cool parce que c’est vraiment facile à dessiner. Le développement d’un cylindre est un simple rectangle…
Seulement voilà, si on se contente d’un cylindre pour votre jupe, il risque fort de terminer sur vos chevilles…lol
Vous conviendrez avec moi que c’est mieux si votre jupe est un peu plus ajustée à la taille.
Imaginons donc nos options…
-
La méthode la plus simple est l’élastique!
Pas très “couture” d’accord, mais diablement efficace…
Dans ce cas, notre patron serait déjà presque terminé… -
Un tout petit peu plus “couture”: les fronces.
Pli non aplati et non cousu obtenu en coulissant un tissu sur un fil.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais l’élastique est plus simple et donnera le même effet…
Je ne retiendrai donc pas cette solution… -
Des plis?
Là, on monte d’un cran dans le côté “couture”…
Mais si le cylindre est près du corps au niveau des hanches, les plis risquent de s’ouvrir très vite et seront, à mon avis, un peu disgracieux.
J’oublie donc les plis… -
Et si on faisait des plis et qu’on les cousait en triangle jusqu’aux hanches…
On appelle ça des pinces et c’est vraiment “couture”...
Adjugé !!!... on va faire des pinces…
On ne va pas s’ajouter du travail pour rien, je vous propose de ne tracer qu’un demi vêtement… Un dos et un devant…
Vous avez mesuré votre tour de hanche (cf. partie 1)
On devrait donc tracer un rectangle qui ferait un demi tour de hanche de largeur et la hauteur voulue pour votre jupe en hauteur.
Mais que nenni..., ce serait trop facile…
On va bien partir de votre tour de hanche. (J’utiliserai l'abréviation TH)
Si on se contente de cette mesure, votre jupe sera tellement serrée que le moindre mouvement la ferait craquer!
On va donc ajouter une valeur pour que vous soyez bien dedans… l’aisance.
A l’école, on m’a inculqué l’information suivante:
“On ajoute 4 cm d’aisance par couche posée sur le corps !”
Notre jupe étant la première couche à poser sur le corps, on va lui ajouter 4 cm d’aisance.
Je tiens à préciser que cette valeur est purement arbitraire, mais en général elle fonctionne bien.
Si vous êtes d’humeur contradictoire, rien ne vous empêche de la modifier à votre guise… Tant que c’est réfléchi, ça me convient…
Avec un tissu stretch par exemple on pourra, pourquoi pas, la revoir à la baisse…
Pour obtenir la largeur du rectangle, on a donc ceci :
Largeur du rectangle = ( TH + Aisance ) / 2
Dans ce rectangle, on doit tracer un demi dos et un demi devant.
On va donc pouvoir le diviser en deux… oui mais non, ce serait trop simple…
Pour une raison purement esthétique, on va faire le devant un peu plus large que le dos.
C’est plus joli quand on est face à quelqu’un, de ne pas voir tout de suite la couture de côté !
Je vous propose donc de déplacer la couture de côté de 1 cm vers l’arrière. (C’est là aussi une mesure tout à fait arbitraire… 1.5cm c’est bon aussi… Mais que voulez-vous, j’ai mes habitudes… :-) )
Ok, on a notre base de travail…
Sur cette base, on va positionner la ligne de hanche…
Sauf qu’il vous manque une mesure… la hauteur hanche…
En effet, je ne l’ai pas mise dans les mesures de la partie 1. C’est volontaire…
Tout simplement car il est difficile de mesurer cette hauteur de façon précise. On est obligé de l’estimer…Ce que vous pouvez faire dès maintenant d’ailleurs…
Vous devriez selon votre taille avoir une mesure variant entre 18 et 25 cm.
C’est fait?
Bien on s’occupe de nos pinces.
Vous devinez déjà comment on va faire…
On doit enlever à la taille la différence entre votre tour de hanche (avec aisance) et votre tour de taille (avec aisance).
Valeur cumulée des pinces = ( ( TH + Aisance ) / 2 ) - ( ( TT + Aisance ) / 2 )
J’espère que vous aimez les maths… :-)
On va répartir la valeur ainsi obtenue entre 3 pinces :
- une au devant
- une au dos
- une dans la couture de côté.
Dans quelles proportions doit-on les répartir?
Aie aie aie… Je m’attendais à cette question… et la réponse n’est pas simple…
La version scolaire tout d’abord :
Les pinces au devant et au dos ont le même valeur de +/- 2.5 cm et le reste est placé dans la couture de côté.
Si on envisage le problème d’un point de vue moins scolaire, il va falloir réfléchir un peu plus…
En effet, la profondeur des pinces dépend de vous… ou plutôt de votre corps…
La pince permet d’envelopper un volume… la pince la plus profonde doit donc être forcément en regard du volume le plus fort.
Si on prend en compte l’image ci dessous représentant la coupe de 2 corps ayant le même tour de hanche :
Dans le premier cas, madame a des hanches relativement étroites, mais des fesses plus généreuses…
Dans le second, au contraire, les hanches sont larges, mais les fesses plus plates...
Si on travaille sur mesure, il me parait évident que ces deux dames ne devront pas avoir le même patron de jupe…
Il faudra, à la première, des pinces dos bien plus profondes. La pince placée au côté sera elle moins profonde… c’est assez logique…
L’inconvénient c’est qu’il m’est difficile de vous donner des règles précises…
Ce que je vous propose dès lors, c’est de partir sur la version scolaire et je tenterai de faire assez rapidement un article sur l‘essayage de la jupe afin de corriger les problèmes s’il y en a…
Cela vous convient-il?
Dans un soucis d’esthétique, on va tenter de placer la pince au milieu des pièces dos et devant.
Pour le devant, on avait aux hanches ( ( TH + Aisance ) / 4 ) +1
On aura donc à la taille ( ( TT + Aisance ) / 4 ) +1
Pour le dos, on avait aux hanches ( ( TH + Aisance ) / 4 ) -1
On aura donc à la taille ( ( TT + Aisance ) / 4 ) -1
Sur la ligne de taille on applique la moitié de ces valeurs, on place ensuite la profondeur de pince et on termine par la seconde moitié… simple…
Enfin peut-être avez-vous besoin d’un p’tit dessin… :-)
Vous avez tout ce qu’il vous faut pour tracer vos pinces… à part leur longueur…
Pour que ce soit joli, on arrête la pince dos à quelques centimètres de la ligne de hanche.
Moi j’ai l’habitude de l’arrêter 2 cm au dessus, mais sentez-vous libres de modifier cette valeur… (en restant raisonnable car n’oubliez pas que le volume est à hauteur de la ligne de hanche… il ne faut pas trop s’en éloigner…)
Le volume à l’avant est normalement moins prononcé… chez moi la pince aura aussi 2 cm de moins...
On peut donc tracer les pinces :
Il reste deux petites étapes, on a presque fini…
En pliant votre papier, vous pouvez fermer toutes vos pinces et rendre la courbe de taille plus harmonieuse…
J'ai un peu de mal à plier mon écran mais voici à peu près ce que cela devrait donner :
Enfin une certaine Mlle A. Bent disait
“...Moi j'ai des formes et des rondeurs
Ça sert à réchauffer les cœurs…”
C’est vrai que dans le corps humain, les lignes droites sont rares…
Mettons un peu de rondeur dans tout ça... (pinces et hanches...)
Et voilà…
Un patron de jupe droite vite fait bien fait…
Pour le réaliser, on doit encore lui ajouter des valeurs de couture, prévoir un moyen de fermeture et une finition à la ceinture…
Mais moi je suis fatigué alors je m’arrête là… et puis il faut bien que je me garde des sujets pour plus tard non? :-)
Si vous laissez le patron comme ça, une fois monté, il vous paraitra légèrement entravé…
C’est un effet d’optique… pour avoir une jupe droite qui paraisse droite, il convient de l’évaser un petit peu…
Une jupe de ce type demande un tissu avec un peu de tenue…
Elle pourrait être réalisée par exemple :
Mais comme il arrive parfois que l’on se trompe, je vous conseille de coudre une toile avant de faire votre modèle définitif.
Une toile est la façon dont l’on appelle un modèle d’essai. Traditionnellement on la réalise dans un tissu de coton appelé “caliquot”. Mais ce n’est pas obligatoire… un autre tissu pourrait faire l’affaire comme un vieux drap par exemple…
Évitez cependant les tissus trop souples comme les doublures ou les mailles qui réagissent très différemment. L’idéal étant bien évidemment de s’approcher le plus possible du tissu définitif.
Bon amusement et à bientôt...
1 commentaires
Merci pour cette initiation au patronage, cela me semblait bien compliqué, je comprends un peu mieux maintenant. Je découvre en même temps vos tissus, les matières sont superbes, ça donne envie de coudre. Cordialement. Eve
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